« J’ai arrêté de me doucher » par Guillaume D’Alessandro
INTRIGUE PAR LES DERNIERES ETUDES SUR LE MICROBIOTE CES MICRO-ORGANISMES QUI COHABITENT EN BONNE INTELLIGENCE SUR NOTRE EPIDERME, NOTRE JOURNALISTE A VOULU TENTER UNE EXPERIENCE : QUE SE PASSE-T-IL SI ON NE CROISE NI EAU NI SAVON PENDANT UN MOIS?
(…) Annick Le Guerer, historienne du parfum, le souligne « Nous sommes devenus intolérants aux odeurs des autres. C’est une phobie sociale qui prend toute son ampleur a la fin de la Seconde Guerre mondiale. La généralisation des salles de bains et l’apparition du déodorant se sont traduites par une obsession de l’hygiène et de la désodorisation des corps ». L’historienne mentionne une publicité pour un deodorant des annees 1950 qui montrait une femme levant le bras Le slogan était « A vue de nez, il est 11 heures ». « C’est une demande sociale oui est orchestrée par l’industrie, poursuit Annick Le Guérer. Aujourd’hui les parfums
sont partout dans les lessives, dans les produits ménagers, dans les habitations Des odeurs qui étaient banales et acceptées jusque dans les années 1980 sont désormais intolérables. (…)
« En 1348, rappelle Annick Le Guérer, la grande peste a tue le quart de la population européenne. Les médecins accusent les bains publics de propager les maladies. Selon eux, l’eau est néfaste et dangereuse. Elle ouvre les pores de la peau et facilite l’entrée des mauvaises humeurs dans l’organisme. Il faut donc la proscrire absolument » Les bains publics, les thermes sont fermes. De plus, la promiscuité des corps nus est une incitation a la débauche, selon les religieux. Mais ce n’est pas la fin de la toilette Les parfums, les vinaigres aromatiques et les onguents remplacent le savon. A la cour de Louis XIV, on considère que les couleurs ont des vertus hygiéniques. La chemise du roi est toujours blanche. Elle est changée plusieurs fois par jour, et même la nuit a la moindre souillure. L’obsession de l’hygiène est très forte mais elle prend une forme vraiment surprenante a nos yeux. Les nobles s’enduisaient « d’huile de chien parfumée ». En voici la recette de 1762 prendre « des petits chiens récemment nés, on les coupe en morceaux, on les met dans une bassine avec l’huile et le vin blanc, on les fait cuire à petit feu jusqu’à ce qu’ils soient frits, en ayant soin d’agiter le mélange avec une spatule de bois, afin que les petits chiens ne s’attachent pas au fond. L’huile obtenue, après expression, est versée sur des plantes aromatiques ». C’est excellent contre les rhumatismes, paraît-i. L’hygiène, alors, ne se réduit pas à la toilette de la peau. Elle concerne aussi la toilette interne «il faut purifier le corps. C’est une obsession du XVIIIe siècle. On boit les parfums Les médecins prescrivent des purges et surtout des saignées au risque de mettre en péril le bien portant. Le bain, cependant, fait sa réapparition à la fin du siècle », précise Annick Le Guérer. LIRE L’INTEGRALITE DE L’ARTICLE