L’harmonie des harmonies
Ces parfums « sélectifs » ou « exclusifs » proposés dans quelques points de vente, ne sont évidemment pas destinés au même public que ceux vendus par les grands circuits de distribution.
Réenchanter le parfum pour faire à nouveau rêver le consommateur, perdu dans la multitude de lancements qui ne lui laissent pas de grand souvenir, est une ambition qui ne peut que convenir à l’Osmothèque, soucieuse de transmettre à nos descendants des témoignages olfactifs de qualité sur l’esprit de notre temps. Une fonction essentielle pour le développement d’une culture olfactive, riche de potentialités encore inexploitées, et d’autant plus nécessaire, qu’après un long purgatoire de discrédit scientifique, philosophique et psychanalytique, l’odorat est aujourd’hui mieux connu et complètement réhabilité.
Loin d’être un sens inférieur qu’il est « inutile de développer » comme le prétendait Kant, il joue un rôle capital dans l’affectivité, la mémoire, l’intuition. Ce n’est pas un hasard si les «mouillettes» parfumées entrent aujourd’hui dans les écoles, les hôpitaux, voire les prisons, dans des buts éducatifs, curatifs ou de resocialisation et si la dimension olfactive est prise en compte dans un nombre croissant de manifestations culturelles. Raison de plus pour éduquer notre nez et nous rendre encore plus curieux des travaux des parfumeurs. D’aucuns n’hésitent pas d’ailleurs, dans le sillage de Huysmans et de Roudnitska, à revendiquer pour les créations de la parfumerie la protection juridique dont bénéficie toute œuvre d’art.
Une démarche qu’aurait approuvée George Sand qui, au terme d’une vie baignée par la littérature et la musique, affirmait : « le parfum est l’harmonie des harmonies »