L’OLFACTIF ET LA LITTÉRATURE par Annick Le Guérer

L’OLFACTIF ET LA LITTÉRATURE
Mal-aimé des grands philosophes qui, pour la plupart, l’ont considéré comme un sens inférieur, trop lié à l’animalité, au plaisir et trop subjectif pour être un instrument de véritable connaissance, l’odorat a été longtemps dévalué. Ce discrédit s’est étendu aux odeurs, auxquelles on a dénié toute valeur cognitive, artistique et éthique. Une même désaffection a pu être constatée chez les psychanalystes très marqués par son association à l’érotisme anal et par l’axiome freudien selon lequel le refoulement de l’odorat avait été un facteur de civilisation.

La littérature, au contraire, a largement accueilli effluves et senteurs et, du Cantique des Cantiques à nos jours, la liste est longue des œuvres, des écrivains, des poètes qui ont pu être catalogués comme « olfactifs ». L’aptitude exceptionnelle de l’odorat à décrire les atmosphères, à susciter le souvenir, à porter le rêve, a été et est toujours amplement exploitée. Mais dans la période récente, deux thèmes ont plus particulièrement retenu l’attention des romanciers. Le premier est celui des troubles de la personnalité qui s’expriment à travers une thématique olfactive, le second celui des pouvoirs bénéfiques ou maléfiques dont furent crédités pendant des siècles odeurs et parfums et qui exercent aujourd’hui une fascination nouvelle. LIRE LA SUITE

George Sand

Un grand écrivain olfactif, à la croisée du parfum et de la musique.

Au coeur de la vie littéraire, artistique et musicale de son temps, George Sand, grande olfactive et amoureuse du parfum, anticipe un courant de pensée qui dans la seconde moitié du XIX° siècle cherche des correspondances entre les couleurs, les sons et les senteurs. Une comparaison est faite entre l’art du parfumeur, du poète, du peintre et surtout du compositeur de musique. Avant Baudelaire qui affirme que les parfums, les couleurs et les sons se répondent, elle s’intéresse à ces affinités et écrit dès 1853 : « Il y avait longtemps que l’harmonie des sens lui avait semblé répondre, d’une certaine manière, à l’harmonie des couleurs, mais l’harmonie des harmonies, il lui sembla que c’était le parfum ». 

George Sand est universellement connue comme romancière et féministe mais c’est aussi une très grande olfactive, très concernée   par les rapprochements entre le parfum et la musique. Elle a célébré les chemins creux fleuris d’aubépine, mais elle est en même temps une femme sulfureuse qui a défrayé la chronique parisienne en s’habillant en homme et en fumant la pipe et le cigare. Plus tard, dans sa propriété de Nohant, organisé comme un véritable cénacle parfumé et où elle reçoit les écrivains, les peintres et les musiciens les plus célèbres de son temps, elle écoutera Chopin en respirant les roses de son rosarium. Dès l’enfance, sa vie fut placée sous le signe des odeurs. Lorsqu’elle raconte ses amours et ses passions, les notations odorantes sont constamment au premier plan. Elle-même se surnommera avec humour « Piffoël », allusion à son nez un peu long qui fera le bonheur des caricaturistes.

Patrick Süskind – auteur du « Le parfum, histoire d’un meurtrier » aurait-il influencé les chercheurs d’arômes ? Braja Mookerjee, chimiste indien qui fut directeur de recherche chez IFF, s’est lui aussi lancé dans la quête de l’odeur des belles femmes.   LIRE LA SUITE 

Proust

« Une heure n’est pas qu’une heure c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats.  » Marcel Proust  Florilège des mots, paroles d’écrivains, de poètes, de philosophes