Le Vif/L’Express 14 mai 2020 : Pourquoi il ne faut pas devenir trop propres par Mélanie Geelkens

Pourquoi il ne faut pas devenir trop propres

 par Mélanie Geelkens, journaliste

 

 

Se laver les mains, se distancier, se masquer : l’aseptisation est, pour l’instant, la seule solution pour éviter la propagation du Covid-19. Cet excès d’hygiène, dans un monde déjà hygiéniste, inquiète toutefois à plus long terme. Etre trop propre provoque d’autres pathologies. Et pourrait même expliquer la vulnérabilité occidentale au coronavirus.

(…)L’hygiène d’avant le corona ne ressemble plus à l’hygiène d’après. Indispensable nécessité, tant que se laver, s’éviter, se masquer, aseptiser seront les seuls moyens de ne pas propager cette saleté. « Ces règles devront être inscrites dans notre quotidien au cours des prochains mois », cadre Isabelle Godin, professeure à l’Ecole de santé publique de l’ULB. Et si elles s’ancraient plus durablement ? Ce ne serait, historiquement, pas la première fois. « Déjà après la première grande épidémie, au ve siècle avant Jésus-Christ, cela avait engendré des conséquences sur les comportements», rappelle Annick Le Guérer, anthropologue et historienne, auteure du livre Les Pouvoirs de l’odeur (Odile Jacob). « Les médecins avaient alors déconseillé de se laver avec de l’eau chaude, pensant qu’elle ouvrait les pores de la peau et laissait pénétrer les miasmes, qui pourrissaient les organes. » Quant à la distanciation sociale, elle « existait déjà au temps de la peste bubonique », comme le fait de respirer via des linges parfumés, censés désinfecter. LIRE L’INTEGRALITE DE L’ARTICLE