
Pourquoi il ne faut pas devenir trop propres
par Mélanie Geelkens, journaliste
Se laver les mains, se distancier, se masquer : l’aseptisation est, pour l’instant, la seule solution pour éviter la propagation du Covid-19. Cet excès d’hygiène, dans un monde déjà hygiéniste, inquiète toutefois à plus long terme. Etre trop propre provoque d’autres pathologies. Et pourrait même expliquer la vulnérabilité occidentale au coronavirus.
(…)L’hygiène d’avant le corona ne ressemble plus à l’hygiène d’après. Indispensable nécessité, tant que se laver, s’éviter, se masquer, aseptiser seront les seuls moyens de ne pas propager cette saleté. « Ces règles devront être inscrites dans notre quotidien au cours des prochains mois », cadre Isabelle Godin, professeure à l’Ecole de santé publique de l’ULB. Et si elles s’ancraient plus durablement ? Ce ne serait, historiquement, pas la première fois. « Déjà après la première grande épidémie, au ve siècle avant Jésus-Christ, cela avait engendré des conséquences sur les comportements», rappelle Annick Le Guérer, anthropologue et historienne, auteure du livre Les Pouvoirs de l’odeur (Odile Jacob). « Les médecins avaient alors déconseillé de se laver avec de l’eau chaude, pensant qu’elle ouvrait les pores de la peau et laissait pénétrer les miasmes, qui pourrissaient les organes. » Quant à la distanciation sociale, elle « existait déjà au temps de la peste bubonique », comme le fait de respirer via des linges parfumés, censés désinfecter. LIRE L’INTEGRALITE DE L’ARTICLE