Sacré numéro
par Séverine Saas
PARFUM LE PLUS CONNU AU MONDE, LE NO 5 DE CHANEL FÊTE CETTE ANNÉE SON CENTENAIRE. VÉRITABLE COLLAGE D’EFFLUVES, IL A TRAVERSÉ LES ÉPOQUES ET LES MODES EN PERMETTANT À CHACUN ET CHACUNE D’Y PROJETER SA PROPRE HISTOIRE
En guise de bande-annonce, l’image d’une empreinte sursol lunaire, façon ichnofossile. Un carré encastré dans un rectangle, le tout surmonté d’un petit rond et d’une forme octogonale oblongue. Pas de logo, pas de nom. Enigmatique ? A peine. A moins d’avoir passé plusieurs décennies dans une grotte, on reconnaîtra facilement les lignes du flacon de Chanel No 5, le parfum le plus célèbre au monde. Quel autre jus peut se targuer d’avoir séduit Marilyn Monroe, de faire partie de la collection permanente du Musée d’art moderne de New York et d’avoir inspiré une sérigraphie à Andy Warhol ? Cette année, le No 5 fête ses100 ans. Un événement de la plus haute importance pour la maison au double C, qui n’a pas lésiné sur les moyens. Un film publicitaire met en scène la nouvelle égérie, l’actrice française Marion Cotillard, virevoltant sur une lune couleur or en compagnie du danseur étoile Jérémie Bélingard, tandis qu’une collection de haute joaillerie rend hommage au No 5. D’autres festivités, encore tenues secrètes, suivront. Parfum de luxe habité de mystère. (…)
ODEUR DE FEMME
Son haut niveau d’abstraction, le No 5 le doit d’abord à sa formule, arrêtée en 1921. «Gabrielle Chanel voulait émanciper les femmes, qui avaient passé la guerre 14-18 à remplacer les hommes dans la vie civile. Elle avait imaginé une mode épurée qui n’entrave ni leur corps ni leurs mouvements, et souhaitait créer un parfum qui soit en osmose avec cette vision», raconte l’anthropologue et philosophe française Annick Le Guérer, auteure de «Le Parfum – Des origines à nos jours » (Odile Jacob, 2005). (…)
BROUILLER LES PISTES
(…) Pour autant, le No5 peut-il encore se targuer d’être un parfum révolutionnaire? «C’est plutôt devenu un grand classique, car il ne colle plus forcément à l’esprit du temps», s’avance Annick Le Guérer. (…) LIRE L’INTEGRALITE