Le Point 21 juillet 2011 : Le cinéma au parfum par Marion Cocquet

21 juillet 2011 : Le cinéma au parfum par 

 

Le premier festival organisé par l’Université européenne des senteurs et des saveurs propose des projections de longs-métrages en odorama.

Ça a quelle odeur, un thriller ? Un mélange sans doute de sang, de sueur et de métal. On imagine assez bien de lourds parfums fleuris pour les romances, le sable et le cuir des péplums. Non plus seulement regarder un film, mais le sentir ; non plus se contenter d’en suivre la trame narrative, mais pénétrer son univers olfactif et subir le pouvoir émotionnel des odeurs : c’est l’expérience que propose, cet été, le festival « Double sens », organisé à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) par l’Université européenne des senteurs et des saveurs. Une première dans son genre : quatre films (Le chocolatLe festin de BabetteLe parfum, histoire d’un meurtrier et Jean de Florette) sont projetés en odorama. Comprendre : avec des diffuseurs de parfums qui restituent l’ambiance de scènes ou d’époque, du cuir à l’huile d’olive, de l’anis à l’iode, du vieux marc au romarin. Un gadget ? 

Une illustration redondante d’oeuvres qui, pourtant, se suffiraient ? Peut-être. Mais pour Annick Le Guérer, anthropologue à l’université de Bourgogne et commissaire scientifique du festival, l’expérience va bien au-delà de son aspect ludique. Elle vise, surtout, à une meilleure appréciation du rôle des parfums, auquel se consacre l’exposition qui accompagne les projections. « Ils sont aujourd’hui des produits de consommation courante, utilisés comme accessoires de luxe et d’élégance, explique-t-elle. Mais on les ampute ainsi de ce qui a constitué pendant des siècles leur importance : les nombreuses vertus médicinales et rajeunissantes qui leur étaient prêtées, leur rôle aussi de médium vers les dieux. » 

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