Un parfumeur, une anthropologue et deux esthètes reconstituent le parfum de George Sand. Cette fragrance prisée par l’écrivain était elle-même inspirée du mystérieux «kyphi» égyptien, ainsi que du parfum des rois parthes. Une gageure artistique et technique au résultat prodigieux.
Le flacon de voyage était posé sur l’une des tables de toilette de George Sand, dans sa maison de Gargilesse dans le Berry. Ce vestige inespéré est à l’origine du projet un peu fou réunissant Annick Le Guérer, historienne du parfum et anthropologue ; Dominique Ropion, parfumeur chez IFF ; Benoît Astier de Villatte et Ivan Pericoli, les fondateurs d’Astier de Villatte et leur complice et designer Émilie Mazeaud. Leur ambition: recréer le parfum porté par l’écrivain.
«Lorsque Christiane Sand, descendante de George Sand, a confié cette petite fiole à Annick Le Guérer, la texture était devenue sombre et épaisse car l’alcool s’en était évaporé et le bouchon était, lui, complètement collé, se rappelle Dominique Ropion. Pour ne pas casser la bouteille, nous avons percé sa base à l’aide d’une mèche très fine et en avons extrait quelques gouttes afin de les analyser au chromatographe (appareil permettant de séparer les molécules présentes dans un liquide et d’en indiquer l’abondance, NDLR). Nous voulions être sûrs que toutes les molécules existaient déjà au XIXe siècle et que la fragrance était bien d’origine avant d’en établir sa formule avec précision.» Ce qui était bien le cas. La chromatographie a ainsi révélé de l’essence de rose, de l’iris, du vétiver, du patchouli, du labdanum. Autant d’ingrédients qui composent ce parfum capiteux et lascif, de ceux qui laissent un sillage et dont on se plaît, aujourd’hui, à déposer quelques gouttes au creux du poignet. LIRE LA SUITE