France Culture : Face à la crise sanitaire, le parfum repense son écriture olfactive par Maïwenn Bordron

Fioles de parfum
Fioles de parfum en salle de travaux pratiques de la licence parfums arômes à la faculté des sciences de Montpellier. • Crédits : Guillaume Bonnefont - Maxppp

Face à la crise sanitaire, le parfum repense son écriture olfactive

par Maïwenn Bordron

L’odorat fait partie des sens affectés par le Covid-19. Face à la crise sanitaire, la parfumerie est donc amenée à repenser certaines tendances olfactives. Comment les parfums seront-ils élaborés ? Plutôt qu’une révolution, les parfumeurs envisagent l’intégration de nouvelles notes olfactives.

Fioles de parfum
Fioles de parfum en salle de travaux pratiques de la licence parfums arômes à la faculté des sciences de Montpellier. • Crédits : Guillaume Bonnefont – Maxppp

L’odorat est particulièrement affecté par la crise sanitaire. Tout d’abord, parce que le Covid-19 provoque une anosmie, c’est-à-dire une perte totale de l’odorat chez certains patients. Le virus attaque les muqueuses dans le nez ou le bulbe olfactif et empêche les patients de sentir tant qu’ils sont infectés par le virus. Ensuite, l’odorat doit s’adapter aux nouvelles mesures sanitaires. Avec le port du masque rendu obligatoire, les odeurs sont parfois moins perceptibles, plus dures à sentir. La distanciation sociale éloigne également certaines odeurs : nous sentons par exemple moins les parfums autour de nous. Dans ce contexte, où l’odorat perd une partie de ses repères, les parfumeurs sont amenés à repenser la façon dont ils élaborent le parfum. Après la crise sanitaire, comment les parfums vont-ils évoluer ? Vont-ils par exemple être plus puissants pour que l’on puisse les sentir à distance ? Vont-ils intégrer des notes plus « rassurantes » dans une société marquée par l’incertitude ? Tour d’horizon avec des parfumeurs et des historiennes du parfum. (…)

(…) Moins de notes « gourmandes », plus de notes naturelles

Il y a aussi une demande de parfum de bien-être, de parfum sain dans une crise sanitaire : des parfums faits avec des produits naturels bio.  Annick Le Guérer, historienne du parfum et de l’odeur

Le futur du parfum, après la crise sanitaire, pourrait se situer dans une « naturalité plus affirmée« , selon François Demachy. « Je pense qu’on va de plus en plus demander des parfums dans lesquels il y aura plus de naturel, c’est-à-dire des notes florales par exemple. Et les notes florales, on peut les sublimer remarquablement avec des notes de synthèse« , précise l’homme à l’origine du parfum Sauvage. François Demachy évoque des « notes qui fassent rêver et voyager, des notes salées qui rappellent la plage et la mer, des notes aquatiques sûrement. Toutes ces notes qui nous permettent de nous transporter ailleurs« . Cette tendance à se rapprocher vers des notes de parfum plus naturelles « existait déjà avant la crise sanitaire« , selon Annick Le Guérer, anthropologue et historienne du parfum et de l’odeur. « Elle peut s’accentuer encore dans un moment de crise sanitaire où l’on cherche à porter des parfums et à respirer des parfums qui sont bénéfiques pour le corps« , développe-t-elle. (…)

(…) « Le parfum est toujours en adéquation avec les besoins et les aspirations des époques. Il répond aux peurs des sociétés« , souligne Annick Le Guérer, historienne du parfum et de l’odeur qui a écrit notamment Le parfum : Des origines à nos jours. La parfumerie s’adapte à tout type de crise : « Au moment de la grande crise économique de 2008 sont apparus beaucoup de parfums dits gourmands, avec des odeurs sucrées car les odeurs sucrées rassurent« , resitue-t-elle. (…) LIRE LE DOSSIER COMPLET