« Parfums d’histoire, du soin au bien-être », nouveau livre d’Annick Le Guérer
Catalogue de l’exposition Parfums d’histoire, du soin au bien-être, présentée au Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye, Isère (18 septembre – 11 décembre 2022) dont Annick Le Guérer est la commissaire scientifique. L’inauguration a eu lieu le dimanche 18 septembre.
Si le parfum continue de nous fasciner malgré une certaine banalisation, due à la surabondance, c’est parce qu’il a joué pendant très longtemps un rôle capital dans la vie des humains. De l’Antiquité jusqu’au milieu du XIXe siècle il a été le principal médicament. Aujourd’hui, après une longue éclipse, il entre à nouveau dans les hôpitaux.
Les parfums qui soignent existaient dès l’Antiquité. Selon les médecins grecs, la maladie naît de la corruption, de la putréfaction : celle de l’air, de la terre, des eaux stagnantes ou des matières en décomposition qui répandent des odeurs fétides. Quand elles pénètrent en nous, elles engendrent des maladies.
A contrario, les bonnes senteurs sont créditées de puissantes vertus prophylactiques et curatives. Le parfum est lié au divin. Dans l’Égypte pharaonique il est la « sueur des dieux». Une conception qui trouve un écho dans le christianisme. La Légende dorée compare le corps du Christ transpercé par la lance d’un soldat romain à un vase rempli de baume odorant répandu pour guérir les âmes des pécheurs empuanties par le péché.
Les fonctions médicinales du parfum seront reconduites au Moyen Âge par les moines qui traduisent les ouvrages des médecins grecs et arabes et qui vont jouer aussi un grand rôle dans le développement d’une véritable aromathérapie.
Depuis l’Antiquité jusqu’à la séparation de la parfumerie et de la pharmacie qui intervient en France en 1810, le rôle prophylactique et thérapeutique du parfum sera constant. D’Hippocrate qui, au Ve siècle avant J.-C., demandait aux Athéniens de brûler des parfums sur des feux de bois aromatiques pour chasser l’épidémie qui s’abattait sur leur ville, au Docteur Raspail qui, en 1843, préconisait encore le camphre dans le traitement de nombreux maux, en passant par l’abbesse Hildegarde de Bingen, célèbre phytothérapeute du XIIe siècle, les exemples abondent. Eaux de senteurs, vinaigres et poudres aromatiques, cassolettes, baumes, sachets odoriférants, pommes d’ambre, gants, bonnets et éventails parfumés constituent tout un arsenal odoriférant dont la puissance est résumée dans cette phrase d’un médecin de Louis XIV : « Toute la vertu du médicament ne réside que dans son odeur ».
Aujourd’hui, en phase avec la demande croissante de produits naturels et de protection de l’environnement, on assiste à un retour des soins par les plantes aromatiques.
La publication d’un format reprenant celui d’un livret fera la part belle à l’iconographie rassemblée : reproductions d’oeuvres (objets d’art, sculptures, tableaux, arts graphiques, reproduction d’imprimés et de manuscrits)