Confinement : A quoi ça sert de se parfumer quand on ne sort plus de chez soi ?
Comme tous les matins, vous vous levez (a priori), vous prenez votre petit-déjeuner (si possible équilibré), vous filez sous la douche (dans le meilleur des cas), vous vous habillez (c’est mieux), puis vous vous plongez dans un vaporeux nuage de parfum avant de partir au boulot. Jusqu’à ce qu’un doute vous assaille… Bah oui, vous êtes en novembre 2020, le reconfinement bat son plein, et le seul être vivant « réel » que vous croiserez dans la journée, c’est votre chat (ça marche aussi avec un chien). Alors à quoi bon sentir bon ?
Ce parfum, qui en plus vous a peut-être coûté un bras, qui le sentira à part vous finalement ? Ça sert encore à quelque chose de se parfumer quand on est confiné ? 20 Minutes a posé la question à des expertes de l’odorat. (…)
(…) « Plus forts pour affronter les épreuves de la vie »
Mais on vous voit venir, quid des fervents défenseurs du naturel ? Celles et ceux qui ne porteraient pas de parfum se priveraient donc d’une partie d’eux-mêmes ? Evidemment que non. Pour Annick Le Guérer, anthropologue et historienne du parfum et de l’odeur, autrice du Parfum : Des origines à nos jours chez Odile Jacob, « l’odeur c’est l’identité de la personne. On a tous une odeur différente et la camoufler avec du parfum c’est se priver aussi de son identité. On s’en prive pour être socialement accepté, ce sont des rituels sociaux qui permettent l’acceptation sociale ». Le confinement peut donc être l’occasion idéale de renouer avec ses odeurs (dans la mesure du raisonnable), une façon de se retrouver avec soi-même.
Mais au-delà de cette question d’identité, le parfum renferme un redoutable atout : le réconfort. « Beaucoup se mettent du parfum parce que c’est une aura protectrice et ils se sentent plus forts pour affronter les épreuves de la vie, analyse Annick Le Guérer. Dans une épreuve de confinement, lorsqu’on est angoissé, que l’avenir est un peu incertain, se parfumer conforte, rassure. » Et dans ce domaine, deux grandes familles de senteurs se distinguent : les parfums « gourmands » et les hespéridés (les eaux de Cologne). Les premiers, aux odeurs de miel ou encore de fruits rouge, consolent par leur côté sucré, rassurants et régressifs. « Typiques du parfumage qui n’est pas destiné à l’autre », précise l’historienne, ils font généralement fureur lors de périodes de crises.
Les seconds quant à eux rassurent pour une autre raison : l’odeur de propre. « Les parfums qui sont associés à l’hygiène prospèrent aujourd’hui. C’est un besoin de propreté dans un monde pollué. Les gens ont besoin d’avoir des odeurs fraîches, aussi dans un but inconscient de protection. Ça date du Moyen-Age, jusqu’aux 19e et 20e siècles, où on se parfumait pour se protéger des mauvaises odeurs qui, pensait-on, apportaient des maladies », explique Annick Le Guérer. LIRE L’INTEGRALITE DE L’ARTICLE