©  L’ODEUR DE LA PESTE par Annick Le Guérer

Synonyme d’une fin effroyable, la peste a, de l’Antiquité jusqu’à la découverte du bacille pesteux par Yersin à la fin du XIX e siècle, été pensée en relation avec la putridité et les mauvaises odeurs. Ceci explique que l’aromathérapie soit durant cette longue période au cœur de la lutte contre le fléau. Feux odorants, pommes de senteurs, pilules aromatiques anti-pestilentielles ont été les armes dérisoires opposées à l’épidémie. C’est encore à des « parfumeurs de peste » que l’on confie la tâche de désinfecter les maisons, les animaux et les personnes au moyen de parfums « forts », « médiocres » ou « doux ».

Témoignages de ce combat inégal, les précieux pomanders d’orfèvrerie du Moyen-Âge et de la Renaissance, réceptacles de boules de pâtes parfumées, les pots à thériaque contenant une panacée à base d’aromates et de chair de vipère, les délicates vinaigrettes accueillant une éponge aromatisée, les gants parfumés ou encore le fameux costume de peste imaginé par le médecin de Louis XIII, Charles Delorme, avec son masque aux yeux de cristal et son long bec d’oiseau rempli d’aromates. Tous renvoient à des temps où l’on est convaincu que « toute la vertu des médicaments ne consiste que dans la communication de l’odeur ou d’un certain parfum »..

Le parfum est omniprésent à cette époque au point que dans toute l’Europe on parlera de Versailles,  au siècle suivant, comme de « La Cour parfumée  » .