Le Parfum Miroir de la Société

parfum-miroir-societe_215956Exposition : Le Parfum Miroir de la SociétéJuin à octobre 2012

« Dans le cadre de «Cinq sites, cinq sens», l’exposition «Parfum, miroir de la société» a investi le domaine de La Roche-Jagu, à Ploézal. Une invitation au voyage à travers le monde des sens, de l’imaginaire et de la poésie. Souvent perçu comme un artifice inutile ou un produit de luxe, le parfum a pourtant, de l’Antiquité à nos jours, rempli des fonctions majeures au sein de la société: sacré pour les uns, doué de vertus thérapeutiques pour les autres ou encore élément essentiel de séduction, il a traversé les époques en laissant, dans son sillage, de multiples témoignages de l’intérêt que lui ont porté nos ancêtres. Qu’ils soient écrivains, poètes, peintres, cinéastes ou même musiciens, nombreux sont les artistes à avoir exprimé leur fascination pour l’extase olfactive procurée par le parfum. Une expérience multisensorielle…(…) »Le Télégramme

 Le Parfum Miroir de la Société  par Annick le Guérer Si le parfum qui traverse le temps continue de nous fasciner, c’est parce qu’il a joué et continue de jouer dans la vie des humains un rôle considérable. Loin d’être le « luxe le plus inutile de tous », comme l’affirmait le naturaliste latin Pline l’Ancien, le parfum est révélateur de la société qui le produit. Il en reflète les valeurs, les problèmes, les évolutions. L’Egypte pharaonique où la religion domine toute la vie sociale, en fait la « sueur des dieux » et les rapports organiques, charnels, humoraux qu’il entretient avec eux sont fortement affirmés dans les rituels funéraires qui divinisent le défunt en faisant de lui un « Parfumé ». Le parfum est certes un acteur des plaisirs et des fêtes, mais ces fonctions sont bien accessoires au regard de celles qu’il tient de sa nature divine : purifier, protéger, régénérer, guérir, « enchanter le coeur des dieux ». Dans l’Europe du 16e et du 17e siècles, parcourue d’épidémies incessantes, gants parfumés, sachets odorants, pommes et vinaigres de senteurs sont les moyens d’une élégance prophylactique, répondant à la hantise de la contagion par le contact de l’autre ou l’air pestilent. Et les raffinés du siècle des Lumières, du bel esprit, de l’ironie, du marivaudage, du sensualisme et de l’éveil au goût de la nature, s’enveloppent de poudres toujours plus subtiles et, puisant dans des flacons d’inspiration bucolique, s’aspergent d’eaux aussi fraîches et légères que les bulles qui s’élèvent désormais dans les verres par la grâce de Dom Pérignon. Rien d’étonnant donc si les parfums actuels sont à l’image des problèmes ou des aspirations du monde contemporain. Opium, Kif ou Haschich résonnent en écho à la montée du phénomène de la drogue, CK One, avec son flacon minimaliste, au désenchantement, aux difficultés d’insertion sociale de la jeunesse et à la brutalité des mœurs. La vogue des parfums sucrés et « cocooning » s’inscrit dans un contexte d’anxiété face aux aléas économiques, aux menaces terroristes et exprime le besoin de se créer une petite bulle rassurante d’où l’on puisse voir la vie en rose. Bois d’Encens, La Liturgie des Heures, Eau des Missions font écho au retour du religieux. Produit de luxe ou de grande consommation, le parfum est aussi un miroir de la société. Tout au long de ce parcours dans le magnifique parc et château de la Roche Jagu, le visiteur pourra découvrir grâce à une scénographie élégante, ses fonctions, ses techniques de fabrication, son évolution au cours des siècles, ses créateurs et la littérature qu’il a inspirée.
A une époque où le Ministère de la Culture reconnaît officiellement le talent artistique et le savoir-faire des parfumeurs-compositeurs, cette exposition qui mêle textes historiques, présentation de pièces de collection, projections, expériences olfactives et diffusions sonore d’extraits littéraires, se propose de vous faire entrer dans cet univers secret, poétique et enchanté