Le parfum a été conçu comme la « sueur des dieux », le « sang du Christ » et il était doté de très grands pouvoirs : sacrés, préventifs, curatifs, magiques, séducteurs. Il a joué dans la vie des humains un rôle protecteur essentiel qui hante encore notre imaginaire. Au fil du temps, il s’est coupé de ses fonctions religieuses et curatives. A partir de la fin du XIX e siècle, il a inclus des molécules de synthèse et s’est affirmé comme artistique. Pendant des siècles, de fabrication artisanale, il s’est par la suite industrialisé et dématérialisé (rareté des ingrédients végétaux et rejet des matières animales). Son industrialisation intensive, sa composition essentiellement chimique, les lancements internationaux, l’abaissement des coûts de production, ont considérablement fait évoluer son image. Désincarné, il est devenu un produit abstrait et un objet marketing. Face à la concentration industrielle et aux stratégies de la grande distribution, de nouvelles stratégies cherchent à redonner sa richesse créative au parfum et à en faire toujours un objet de rêve.