©  LA RÉVOLUTION DE LA SYNTHÈSE  par Annick Le Guérer

Dès 1837, Balzac campe avec César Birotteau, un parfumeur ambitieux et novateur qui fait appel à un chimiste pour construire sa réussite. Mais c’est dans la seconde moitié du XIX e siècle que la synthèse des molécules odorantes révolutionne véritablement le monde de la parfumerie. Élargissement de la palette du créateur enrichie de senteurs inconnues dans la nature, transformation du métier de parfumeur qui devient plus scientifique et plus intellectuel, industrialisation et démocratisation des produits, sont à mettre à son actif. Revers de la médaille, elle engage également la parfumerie dans une logique de production de masse qui s’impose souvent au détriment de la qualité et surtout de l’originalité. Aggravés par la mondialisation, ces processus d’uniformisation et de banalisation des « jus » contrastent avec le maintien d’une présentation de haut niveau. De François Coty qui confiait à René Lalique et Draeger le flaconnage et le cartonnage de ses produits, à Jeanne Lanvin qui demanda à Armand Ratteau de dessiner la boule de verre noire émaillée d’or d’Arpège ou à Schiaparelli pour qui Salvador Dali conçut le flamboyant réceptacle du Roy Soleil, les grandes marques ont toujours privilégié ce lien visible avec le luxe même si trop souvent aujourd’hui la beauté du flacon n’est plus que le moyen de faire oublier la disparition de l’ivresse.